Message de Mgr Jean-Paul James, archevêque de Bordeaux – Mardi 17 mars 2020

« Même confinés chez nous, nous demeurons une « Église en sortie ». »

Mgr Jean-Paul James

Message de Mgr Jean-Paul James, archevêque de Bordeaux, partagé ce mardi 17 mars 2020 à tous les fidèles de l’Église catholique en Gironde pour répondre, ensemble, en chrétiens, à la pandémie de Covid-19.

Chers amis, « Le corps ne fait qu’un » (1Co 12, 12). Les personnes malades l’éprouvent dans leur chair en ce moment. Quand il y a des problèmes respiratoires, le corps tout entier va mal. Et le corps tout entier lutte contre le virus. En ce temps de carême, pour lutter en chrétiens contre la pandémie, j’appelle le Corps tout entier qu’est notre diocèse, à renforcer deux moyens puissants : l’amour fraternel et la prière.

« Dieu a voulu qu’il n’y ait pas de division dans le corps mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres » ( 1 Co 12, 25 ). Par souci de santé publique, des mesures gouvernementales interdisent rassemblements et messes publiques, restreignent au strict nécessaire nos sorties et empêchent des rencontres. Nous respectons ces mesures. Comme tous les citoyens, nous catholiques ne faisons rien contre la santé des autres. Nous la servons par les « gestes-barrières ». Nous ne compliquons pas la mission si exposée et lourde des personnels soignants. Nous sommes membres comme les autres, de ce grand corps social éprouvé et nous en portons humblement le souci. Comment ?

Même confinés chez nous, nous demeurons une « Église en sortie ». Nous habitons dans une cage d’escalier, dans une rue, un village : sans s’exposer inutilement, nous pouvons nous manifester. Nous sommes tous membres d’une famille : nous pouvons téléphoner, envoyer des messages à des proches âgés, fragiles, malades, seuls, saisis par l’inquiétude ou l’angoisse. Nous sommes paroissiens habituels d’une communauté, nous sommes membres d’une équipe de mouvement, d’une fraternité chrétienne : nous veillons à nous donner des nouvelles. Aucun membre du Corps ne doit se sentir isolé.

Laïcs en mission ecclésiale, prêtres, diacres, personnes consacrées, même sans réunions et rencontres, nous gardons tous nos missions ecclésiales. Nous les vivons autrement. Nous sommes membres d’EAP, responsables de groupes paroissiaux ou diocésains ? Nous gardons contact avec ceux qui oeuvrent avec nous. Nous avons un site internet ? Nous veillons à le mettre à jour et à donner des nouvelles du groupe, de la paroisse. L’évènement de l’un des membres du groupe est évènement pour tous. Nous pouvons proposer des lectures, des vidéos, des rendez-vous téléphoniques, des prières à une heure donnée. Je sais que des initiatives sont prises dans les paroisses, dans les services diocésains. Il y a de la créativité. Non, le corps n’est pas froid ! La chaleur fraternelle se manifeste !

« Les parties du corps les plus délicates sont indispensables » (1 Co 12, 22). Sans oublier les autres (enfants, jeunes, personnes en précarité, etc..), je pense à quelques catégories de personnes :

  • Les personnes et familles en deuil pendant cette période de confinement. Certaines vont demander une célébration catholique d’obsèques pour un de leurs proches. On privilégiera un temps de prière au cimetière. On limitera les personnes présentes à l’entourage proche de la personne défunte (famille ou amis) ; on veillera à ce que les personnes de 70 ans ou plus ne soient pas présentes (y compris animateurs ou célébrants)1.
  • Les personnes malades feront l’objet d’une attention particulière. Les responsables diocésains de la Pastorale de la santé ont déjà donné des consignes aux membres bénévoles des aumôneries d’hôpitaux et de cliniques de ne pas faire de visites. Dans les EHPAD, les visites sont aussi interdites. Seuls les aumôniers ont la possibilité de les faire en lien et dans le respect des consignes des personnels soignants. Mais il y a aussi les personnes malades chez elles. On ne peut exclure tout principe de visite pendant cette période. Je demande simplement que la décision soit prise après avoir pris conseil et respecté les précautions qui sont demandées par le personnel médical.
  • Les catéchumènes en marche vers le baptême font eux aussi partie des membres les plus fragiles. Il n’est pas possible de se réunir en ce moment pour célébrer les scrutins. Mais on peut prendre de leurs nouvelles et prier dans l’esprit des scrutins. J’envisage de reporter la célébration des baptêmes d’adultes à la vigile de Pentecôte, le samedi soir 30 mai prochain (sauf si bien sûr, il était encore impossible de se réunir). Pour cette célébration en paroisse, des propositions seront faites par le service de la pastorale liturgique.

Enfin, le Corps tout entier est fortifié, irrigué, nourri, purifié par la Vie, l’Amour, la Force du Christ Jésus ressuscité. Les messes publiques dominicales et de semaine n’ont pas lieu jusqu’à nouvel ordre, ainsi que les baptêmes et les mariages. Les célébrations de la Semaine Sainte n’auront sans doute pas lieu non plus. Cela ne dispense personne de la prière personnelle, en famille, ou en communauté :

Les prêtres continuent à célébrer les messes quotidiennes aux intentions des personnes dont ils ont la charge, aux intentions des malades, des personnels soignants et de notre monde affronté à la pandémie.

Beaucoup de catholiques souffrent d’être privés de la communion eucharistique. Évêques et prêtres, nous souffrons aussi d’être privés d’une communauté pour célébrer l’Eucharistie. Tous, cependant, membres d’un même Corps, nous sommes unis dans une communion spirituelle. J’encourage tous les membres de l’Église à la méditation de la Parole de Dieu et la Liturgie des Heures. Une prière propre à notre diocèse a été composée. Nous y demandons l’intercession de Notre-Dame d’Aquitaine et de Saint André. Je suggère qu’elle soit dite par nous tous, tous les jours à l’heure de midi, heure de l’angélus. Cette prière va vous être adressée très rapidement.

Pour la Semaine sainte et le jour de Pâques, des propositions concrètes du service diocésain de la liturgie vont être faites pour des temps de prière en famille. Dès qu’elles seront réalisées, je demande qu’elles soient communiquées par tous les moyens possibles. Bien entendu, le rassemblement habituel de tous les évêques, prêtres, diacres et du Peuple de Dieu à l’occasion de la messe chrismale, le lundi saint, n’aura pas lieu. Mais je présiderai la messe chrismale en veillant à sa diffusion sur les réseaux sociaux. Je communiquerai l’heure de cette célébration pour que le plus grand nombre puisse s’y associer. Je compte aussi célébrer par les mêmes moyens, la fête de Saint Joseph, jeudi prochain 19 Mars, et l’Annonciation du Seigneur le 25 mars. L’information sera donnée sur le site internet du diocèse.

« Vous êtes Corps du Christ et chacun pour sa part, vous êtes membres de ce Corps » ( 1Co 12, 27 ). Chers amis engagés au service du diocèse de Bordeaux à divers titres, je vous redis à tous ma très grande gratitude pour être en ce temps de carême, les disciples-missionnaires dont le Christ a besoin, dont l’Eglise a besoin, dont notre monde a besoin. Dans cette pandémie, notre mission demeure, l’amour fraternel demeure, la prière demeure. Résolument et avec la grâce de Dieu, nous marchons vers Pâques, vers la Vie, l’Amour.

+ Jean-Paul James,

Archevêque de Bordeaux,

Évêque de Bazas

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1 Si, pour des motifs sérieux, des familles insistent pour une célébration dans l’église et si c’est possible, en accord avec le célébrant et les Pompes funèbres, on respectera les consignes en vigueur : espacement des personnes, ni geste de paix ni condoléances, seul le célébrant utilise le goupillon, pas d’objets déposés sur le cercueil…

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