5e dimanche du Carême Année A « Seigneur, si tu avais été ici… »

 

Textes: Ezéchiel 37, 12-14, Romains 8, 8-11 et Jean 11, 1-45.

Le récit de la résurrection de Lazare est un des récits les plus spectaculaires de l’évangile avec celui de la tempête apaisée par Jésus, proclamé vendredi dernier par le Saint Père, le pape François (cf. Marc 4, 35- 41, Mathieu 8, 23-27, Luc 8, 22-25). Ces deux récits poursuivent le même but à savoir nous montrer que pour Jésus notre Seigneur et notre Sauveur les limites habituelles n’existent pas. La puissance de la grâce de Dieu qu’il apporte au monde franchit tous les obstacles. Il n’y a plus de barrières si la foi est au rendez-vous.
Ce que nous pouvons retenir aujourd’hui, c’est que Jésus arrive trop tard sur les lieux. Cette réalité tardive nous fait penser aussi au premier miracle de Jésus à Cana où Marie lui fait remarquer qu’il n’y a plus de vin… trop tard pour les invités qui en redemandent (cf. Jean 2, 8-10)
Ce thème du « trop tard » est associé à une démarche de foi dans le Dieu de l’impossible comme Jésus le dit a ses disciples incrédules, comme à nous : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » (Marc 10, 27)
Le retard de Jésus à se rendre à Béthanie alors qu’on lui a annoncé la maladie de son ami Lazare prépare un message essentiel dans la vie des disciples, que nous sommes. Et ce message se révèle dans la conversation avec Marthe.
Marthe est peinée de la disparition de son frère, comme toute famille dans le deuil, et elle le dit simplement à Jésus . Et la conversation continue pour se terminer par une profession de foi :

«Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Nous avons, là, une profession de foi absolue où Marthe s’en remet totalement à Dieu. Elle ne met aucune limite à sa foi. Elle ne pose pas de questions. Elle fait confiance à une personne : Jésus, qu’on voit tout ému et qui pleure. Jésus a des liens humains bien réels, mais il porte aussi en lui la puissance de Dieu, qu’il manifeste pour ressusciter Lazare.
Ce qui manque dans nos communautés chrétiennes, c’est sans doute la foi en l’action toujours vivante du Dieu, pour qui rien n’est impossible. Cet abandon confiant n’est pas du défaitisme. Il nous met sur la bonne voie, celle de la foi qui, non seulement s’exprime dans des rites ou des instituions, mais dans une relation personnelle avec celui en qui on met sa confiance : Jésus réellement présent au tabernacle. Cette relation personnelle se vivra en nous faisant sortir de nos étroitesses et de nos projets à courte vue. Cette relation personnelle sera une relation d’amour, de confiance et d’abandon. C’est une relation qui fait vivre comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ».
Jésus, lui aussi, a vécu profondément un abandon total à Dieu toute sa vie et, ici, devant le tombeau de Lazare de façon exceptionnelle, la réponse de Dieu éclate devant tout le monde lorsque Lazare sort du tombeau. L’abandon total de Jésus se terminera sur la croix, mais le matin de Pâques, la situation est retournée. Il est ressuscité. Il a franchi les limites de la mort et il est vivant pour nous sauver.
Pourquoi ne pourrait-il pas aujourd’hui faire la même chose avec nos communautés chrétiennes, particulièrement celles qui sont démunies et appauvries de toutes sortes de façons ? Je pense à la pauvreté de nos églises vides et abandonnées au milieu de nos villages de campagne. A la difficulté de trouver aujourd’hui un parrain ou une marraine baptisés.
Ce récit de la résurrection de Lazare nous provoque à un surplus de foi dans une époque où se manifeste l’incroyance sous toutes ses formes et où même les personnes croyantes se laissent séduire par l’air ambiant.
Associons-nous de façon spéciale encore aujourd’hui aux catéchumènes qui se préparent au baptême. L’évangile de la résurrection de Lazare préfigure ce que sera le baptême pour eux : le passage de la mort à la vie.
Pour les catéchumènes comme pour nous, la foi nous permet d’aller avec confiance vers le Dieu qui peut tout.
« Que ta grâce nous obtienne, Seigneur, d’imiter avec joie la charité du Christ qui a donné sa vie par amour pour le monde. » (prière d’ouverture de la messe) Amen!